Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Moray, le podcast présenté par GMOT.ca.
[00:00:03] Speaker B: Vous êtes propriétaire d'une maison et étouffé par vos dettes, cartes de crédit ou prêts personnels à taux élevé? Avec GMOT.ca, regroupez tout ça en un seul paiement et économisez plus de 1300$ par mois. GMOT.ca. Moray, le podcast.
Dans Morel Podcast, cette semaine, le restaurateur, François Blais. Comment ça va?
[00:00:30] Speaker A: Ça va bien, Dom, toi?
[00:00:31] Speaker B: Très bien. T'es très bien habillé. Je suis habillé comme le chien à Jacques. Je suis habillé comme un animateur de radio.
[00:00:36] Speaker A: Puis moi comme un restaurateur.
[00:00:37] Speaker B: Pourtant, tu fais un podcast audio, mais tu t'en vas travailler après.
[00:00:40] Speaker A: Tu travailles tout le temps. Oui, oui, j'étais là ce matin, puis je retourne après.
[00:00:43] Speaker B: Au Bistro B sur Cartier.
Je veux qu'on aille au cœur de la patente, puis on va vider ça, puis ensuite on parlera de la restauration, de ton restaurant, de ta vision. Puis on va prendre le temps, il n'y a pas de contraintes, c'est ça la beauté d'un podcast. Quand je suis allé faire un tour au Bistro B, qui peut-être éventuellement va changer de nom, tu m'as parlé de la régie des alcools court séjeux. Puis c'est la régie, bien évidemment, il y a eu l'histoire de bière et frites dans un tout autre domaine.
Ils ont eu mal à partir avec ce même organisme-là. Des plaintes inventées, des fausses plaintes pour emmerder les restaurateurs. Mais ça c'est le groupe Blanchette, ça n'a rien à voir avec toi. Mais dans la conversation qu'on a eue, j'étais surpris d'entendre encore ce nom-là. La Régie des alcools course-à-jeu pour une patente de timbrage de bouteilles de vin et tout ça. Raconte-moi ce que tu vis actuellement.
[00:01:38] Speaker A: Ben, en fait, les bistrots, on est fraîchement rénovés. On va revenir là-dessus. L'objectif, c'était de changer peut-être le nom, ou modifier le nom, en tous les cas, pour éliminer François, parce qu'à un moment donné, François, il serait pris là. Bistrot B, c'est B pour blé, entre autres. On peut extrapoler sur toutes sortes d'enfants.
En voulant passer ça à mes employés, que ça devrait se passer comme ça, on voulait modifier le nom un peu, mais malheureusement, malheureusement, ça se fait là. Mais il y a beaucoup, beaucoup de contraintes, dont des grosses contraintes financières. Fait que la sac...
[00:02:13] Speaker B: Tu as déjà les bouteilles, François. Tu les as payées, sont en arrière. Tu t'appelles Bistro B sur quartier. Tu leur as dit, ça me tente de changer de nom, et eux t'ont dit, il faut que tu fasses ceci et cela.
[00:02:27] Speaker A: Ouais. Faut qu'il rachète tout l'alcool qu'il y a dans le restaurant.
Évidemment, c'est toujours aux frais du restaurateur. De toute façon, c'est une entreprise. C'est normal. Faut qu'il y ait quelqu'un qui paye. Puis après ça, ils partent avec. Ils refont le timbrage avec le nouveau nombre d'entreprises. Et puis après ça, moi, je rachète tout ce vin-là. C'est... C'est... C'est...
[00:02:49] Speaker B: C'est une opération de combien?
[00:02:51] Speaker A: Oh, je peux pas te dire exactement parce qu'on est pas allé au bout. On a arrêté ça là. Mais tu sais, c'est plusieurs milliers de dollars.
[00:02:58] Speaker B: On va devoir te racheter tes bouteilles.
[00:03:00] Speaker A: Oui. Ils grattent les petits timbres.
[00:03:03] Speaker B: Et ils remettent d'autres timbres.
[00:03:04] Speaker A: Et ils remettent d'autres timbres parce que...
[00:03:05] Speaker B: Et tu vas les racheter.
[00:03:07] Speaker A: Exact. Parce que ce soit lié à la maison sociale.
[00:03:09] Speaker B: Eux autres veulent leur cote.
[00:03:10] Speaker A: Ils veulent leur cote. Ben je sais pas si c'est une question de cote parce que c'est quand même du travail en joie de voir.
[00:03:16] Speaker B: Le gouvernement.
[00:03:16] Speaker A: Oui.
[00:03:17] Speaker B: C'est incroyable. Pourquoi tu rénoves? C'est quoi la tendance actuelle au Québec dans la restauration?
La tendance actuelle c'est quoi? Évidemment, le climat actuel. On l'a vu, l'article de Michel Girard il y a quelques jours dans le journal de Québec. On fait moins d'argent que les ontariens. On est hyper taxés. Les gens font attention à leur argent, les sorties dans un restaurant, c'est un événement.
C'est du luxe. Et quand les Québécois doivent couper dans quelque chose, souvent c'est ça qui est le cas. Pour la sortie au cinéma, ouais, on voulait avoir tel spectacle, on n'y ira pas, tout ça. C'est le dollar loisir, le dollar gastronomie. Les Québécois font attention à ça, évidemment. Absolument. À la lumière de cette réalité-là, ça a été quoi ta conclusion?
[00:04:05] Speaker A: Comme tout le monde. Toi, moi, tout le monde, on fait tous notre épicerie. Puis le panier d'épicerie a vraiment beaucoup monté. Les restaurateurs, on n'est pas différents des autres. C'est une réalité pour nous aussi. Les plats coûtent cher. La nourriture coûte cher.
Les salaires coûtent cher, ça c'est correct. L'inflation, tout ça. Donc, nous autres, ce qu'on a voulu faire, c'est un peu briser le... Je veux pas dire casser les prix, parce que c'est pas vrai. C'est juste briser l'impression qu'une sortie au restaurant doit être excessivement chère.
Parce que c'est pas vrai. Surtout un bistro de quartier comme moi. C'est sûr que le Laurier-Raphael, je vais en nommer quelques-uns, le Laurier-Raphael, mettons, la Danière, c'est des restaurants de destination, l'Auberge-Saint-Antoine où j'étais avant, c'est des restaurants de destination. C'est cher, tu passes une méchante belle soirée, c'est ça ta soirée, mais moi c'est un bistro de quartier que j'ai, c'est au coin d'une rue, c'est éclairé, on salue les gens qui passent dans la rue, je leur ai jamais parlé en 15 ans, mais c'est pas grave, à tous les matins on se salue, c'est ça l'esprit du bistro de quartier.
Mais pas avec des plats à 45$ au menu.
Là, on le perd, l'esprit du bistrot de quartier. Fait qu'en changeant un petit peu notre formule, c'est-à-dire en faisant ni plus ni moins que des entrées, on a juste des entrées maintenant, ça permet d'avoir l'impression que tu peux juste arrêter manger un petit plat, prendre un petit verre de vin, puis rentrer à la maison après pis ça t'aura pas coûté 200 pour t'asseoir.
[00:05:35] Speaker B: Comment les clients sont devenus avec le temps? Toi, t'es restaurateur depuis combien de temps? Une trentaine d'années au moins, François?
[00:05:42] Speaker A: J'ai été chef avant, restaurateur depuis 15 ans. Mais dans la restauration, une trentaine d'années. En 1986, Dominique.
[00:05:50] Speaker B: Comment les Québécois ont changé? C'est quoi le rapport qui a changé?
dans la relation aux gastronomies. Les Québécois, on aime la bonne chair, on aime le plaisir, on aime bien manger. On est, je pense, très sophistiqués. Quand vous regardez, par exemple, le reste du Canada, parce qu'on a beaucoup parlé du Canada au cours des dernières semaines avec l'élection. Moi, je pense qu'il n'y a pas un peuple plus sophistiqué au Québec, sans rien enlever aux autres, sans rien dénigrer. Je pense que les Québécois, on est très sophistiqués. Plein de défauts, mais... on aime la qualité, on aime le raffinement. Ça, tu vas être d'accord avec moi?
[00:06:24] Speaker A: Absolument. 100%. 100%.
[00:06:27] Speaker B: En quoi cette relation-là avec la nourriture et avec la sortie-restauration a changé au fil du temps?
[00:06:34] Speaker A: Je pense que les clients sont de plus en plus éduqués, on va dire ça de même, sans être bêtes. Donc ils choisissent mieux.
[00:06:43] Speaker B: Ils sont plus critiques?
[00:06:45] Speaker A: Plus critique. Oui, le media social a apporté ça aussi. Tout le monde est devenu critique.
[00:06:50] Speaker B: Pour le meilleur et pour le pire?
[00:06:51] Speaker A: Pour le meilleur et surtout pour le pire, mais ça c'est un autre dossier, on pourra en parler longtemps. La sortie du guide Michelin demain, Dominique. Oh! Donc hier, si on est vendredi.
[00:07:01] Speaker B: Tu veux être dedans? T'aimerais-tu être dedans?
[00:07:04] Speaker A: On devrait avoir une mention. On devrait avoir une mention, mais je n'ai pas d'étoile. Je n'ai pas l'aspiration pour une étoile.
[00:07:10] Speaker B: Une mention, c'est déjà bon?
[00:07:11] Speaker A: Très heureux d'avoir une mention.
[00:07:13] Speaker B: Combien ont une mention?
[00:07:14] Speaker A: J'ai aucune idée.
[00:07:15] Speaker B: Combien en auront? Non, mais c'est... Juste le fait d'être mentionné, c'est déjà un hommage.
[00:07:18] Speaker A: Moi, je pense que c'est un privilège qu'on a d'avoir le guide Michelin. Ça aussi, ça peut faire partie d'une longue discussion.
[00:07:25] Speaker B: Extraordinaire! Tu te souviens-tu de la visite des gens de Michelin?
[00:07:28] Speaker A: Aucune idée quand est-ce qu'ils sont venus. Ils étaient dans l'ancien restaurant. J'ai eu un courriel.
[00:07:33] Speaker B: Il était extraordinaire dans l'ancien. Mais c'est une visite fantôme.
[00:07:36] Speaker A: C'est une visite... Je sais pas c'est qui.
[00:07:37] Speaker B: C'est un client comme un client fantôme.
[00:07:39] Speaker A: C'est un... Probablement, mais j'ai aucune idée c'est qui.
[00:07:42] Speaker B: Et tu sais pas ce qu'ils ont mangé?
[00:07:43] Speaker A: Je sais pas ce qu'ils ont mangé. Ma seule crainte avec le guide Michelin, c'est qu'il a engagé n'importe qui du Québec pour faire les critiques. Puis malheureusement, des critiques culinaires au Québec, on n'en a plus.
[00:07:56] Speaker B: Pourquoi?
[00:07:57] Speaker A: Ben je sais pas, ça s'est perdu. Peut-être à cause des médias sociaux justement, parce que tout le monde est critique. Mais je pense que la dernière vraie critique, ce sera Françoise Keller qui était à Montréal.
[00:08:06] Speaker B: Oui, pour la presse.
[00:08:07] Speaker A: Qui était pour la presse. C'était une femme extraordinaire. Elle savait de quoi elle parlait.
[00:08:12] Speaker B: Je l'ai connue. J'ai travaillé en presse ce jeune. Des années, au début des années 90. Moi je l'envieais, je me disais, elle va manger au resto gratis.
[00:08:20] Speaker A: Oui.
[00:08:21] Speaker B: Mais c'était plus que ça.
[00:08:23] Speaker A: Oui, c'était plus que ça. Puis elle avait le pouvoir d'ouvrir, de faire marcher un restaurant ou de le fermer, mais elle n'a jamais fait fermer un restaurant. Elle n'a jamais parlé nécessairement mal pour le détruire, c'est ça. C'était surtout de l'ajustement, des petites imperfections, des choses que elle voulait que le restaurateur améliore. On travaillait finalement en collégialité, si on veut.
[00:08:48] Speaker B: Est-ce qu'elle t'a déjà critiqué?
[00:08:49] Speaker A: Absolument.
[00:08:50] Speaker B: Qu'est-ce qu'elle a dit sur toi?
[00:08:52] Speaker A: Elle m'aimait moins.
[00:08:54] Speaker B: Ah ben, t'étais dans la bonne gang.
[00:08:55] Speaker A: Ah oui, j'étais dans... Non, mais tu sais, elle est venue la dernière fois, je crois que c'était à l'Auberge-Saint-Antoine, quand j'étais jeune chef, mais tu sais, l'Auberge-Saint-Antoine, c'était pas juste moi, c'était tout. Je veux dire, le lieu, l'histoire, l'équipe qu'il y avait. Là, tous les employés qu'il y avait là-bas sont tous maintenant propriétaires ou gestionnaires d'établissements de restauration aujourd'hui. Fait que c'était fantastique. Cette époque-là était fantastique.
[00:09:18] Speaker B: Es-tu meilleur restaurateur qu'administrateur?
[00:09:22] Speaker A: Je pense pas.
[00:09:24] Speaker B: Je sais pas, je te pose la question.
[00:09:26] Speaker A: Non, je pense pas. Je pense que j'ai une bonne tête. Ma blonde m'a dit que je suis l'artiste de la famille, pis ça m'écoeure un peu. Je suis pas vraiment artiste. Je suis vraiment pragmatique dans la vie. Mon père était en comptabilité. Moi, je vois noir, blanc, pis les zones grises sont absentes.
[00:09:43] Speaker B: Ce qui est le fun, c'est que t'es proche de ton staff.
Tu vas aider ton staff dans le restaurant. Je te vois quand ils ont de l'abrou dans le toupet. Je t'ai déjà vu aller en arrière dans la cuisine, donner un coup de main. Quinze minutes plus tard, je me reviens, tu parlais de l'éclat.
[00:09:58] Speaker A: Ouais.
[00:09:59] Speaker B: T'es tout le temps là.
[00:10:00] Speaker A: Ben maintenant, avec le nouveau concept, je pense qu'on a un coup à donner. On n'était vraiment plus à jour, Dominique. On s'en rend compte. C'est un gros investissement qu'on a fait. Très, très gros. C'est un peu stressant. J'étais un peu nerveux.
[00:10:13] Speaker B: Les coûts de construction au Québec, comment ça va?
[00:10:15] Speaker A: Ouf!
Ouais. Mais pas juste la construction. Tout le monde...
[00:10:18] Speaker B: Mais restons-en à la construction. C'était pas partout le montant que tu voulais mettre?
[00:10:23] Speaker A: Partout. Double. J'ai doublé. X2? Ouais. Qu'est-ce qui a coûté le plus cher? My God. Qu'est-ce qui a coûté le plus cher? Beaucoup de...
[00:10:33] Speaker B: Les meubles, le mobilier.
[00:10:35] Speaker A: Ouais, exactement. Beaucoup, beaucoup.
J'ai fait faire des soumissions parce que j'ai travaillé avec un designer là-dessus. Au départ, la première rencontre, ils te demandent ton budget. Ils devraient éliminer cette question-là. Ça ne marche pas par tout.
On a fait faire des soumissions. Il a fallu que je fasse des choix parce que ce qu'on avait à la base comme budget avec le projet du designer, on ne serait pas arrivé.
On se réparait. Il a fallu que je fasse des choix. Mais tu sais, je vais te dire, comme ça, j'ai eu des soumissions pour des banquettes. Tu les as eues, mes banquettes, t'es assis dessus. Tu sais, c'était 75 000 $ pour asseoir 20 derrière. 20 places assises, ces banquettes.
[00:11:11] Speaker B: Est-ce que c'est de l'abus, selon toi?
[00:11:13] Speaker A: C'est-tu de l'abus. S'il y a en vente, c'est eux autres qui ont raison.
[00:11:16] Speaker B: C'est ça. Mais je me suis dit, il faut être fou pour investir ça dans la restauration au Québec en 2025. Il faut être un peu fou pareil, François.
[00:11:25] Speaker A: Il y a deux styles de projets, je pense, de restauration. Il y a les boui-boui, on les appelait de même, les restaurants de... de petits... C'est ça, qui ramassent un poêle électrique, deux, trois chaises dépareillées, ils font des tables, puis ils font un restaurant. Si tu es bon, si tu es mauvais, moi je ne jugerais pas ça. C'est un style de restaurant. Puis d'autres comme moi qui aiment, je ne veux pas dire que j'aime le luxe, mais j'aime le confort, je veux que mes clients soient confortables.
Je veux qu'il soit bien, je veux qu'il passe une soirée avec nous, parce que tantôt on disait, qu'est-ce qui a changé? Mais avant, dans le temps de mes parents, on allait manger au restaurant, puis je peux les nommer, la brasserie, la buissonnière, entre autres. Il y avait le BBM, il y avait la tyrolienne, le café de la paix, etc. Mais on allait manger au restaurant. Moi, j'étais jeune. Puis après ça, on allait au théâtre. On allait au cinéma. On allait, on faisait une activité.
[00:12:13] Speaker B: C'était une sortie.
[00:12:15] Speaker A: C'était une sortie, puis après ça, il y avait une deuxième sortie. Aujourd'hui, on n'a plus les moyens de faire ça. Dans leurs loisirs, tu en as parlé tantôt.
Fait que la sortie au restaurant maintenant, c'est LA sortie. Fait que moi, écoute, t'es assis sur une chaise de bois droite pendant trois heures à manger, ça a bien beau être le meilleur repas de ta vie, il manque quelque chose. En tout cas, pour moi, il manque quelque chose.
[00:12:33] Speaker B: Puis partager un repas, c'est souvent entre amoureux, entre amis, c'est un événement.
[00:12:37] Speaker A: Exactement. Fait que moi, je suis là maintenant, je travaille pour mes employés, je travaille pour mes clients, je veux que ça se passe bien, je veux qu'on se démarque.
de la concurrence. Je pense qu'on fait des efforts en ce sens-là. Est-ce qu'on va plaire à tout le monde? Je pense pas.
[00:12:52] Speaker B: Est-ce qu'il y a trop de restaurants à Québec?
[00:12:56] Speaker A: Non. Non. C'est un marché libre. Chacun fait son choix. Est-ce qu'il y a trop de mauvais restaurants? Assurément. Assurément. Mais il manque de bons restaurants encore. Je me sers moi des bons restaurants.
[00:13:07] Speaker B: Si je te demandais de m'en nommer en dehors des zones, tu pourrais m'en nommer?
[00:13:11] Speaker A: Des mauvais restaurants? Ah oui, écoute, j'en ai plein, plein, plein. On peut commencer avec le Grand M, le L'Arche.
[00:13:17] Speaker B: Oui, c'est ça.
[00:13:19] Speaker A: Tout ce style de restaurant-là.
[00:13:21] Speaker B: Non, mais des restaurants dits normaux dans lesquels tu t'assoies, puis tu peux commander une bière.
[00:13:25] Speaker A: Absolument. Il y en a plein de mauvais.
[00:13:26] Speaker B: Oui?
[00:13:26] Speaker A: Oui, il y en a plein.
[00:13:27] Speaker B: Pourquoi ils survivent?
[00:13:29] Speaker A: Parce que les gens font leur choix. C'est correct. Moi, c'est un libre marché. Si les gens veulent aller là-dedans... Mais je trouve pas que... En fait, c'est pas des mauvais restaurants. C'est des... Selon moi, les rapports qualité-prix sont pas là.
[00:13:42] Speaker B: Toi, t'as une relation particulière avec tes fournisseurs. Tu m'avais déjà parlé de... de fermier. T'es un fermier, toi. T'es out, là.
[00:13:50] Speaker A: Louis-Antoine a commencé, lui.
[00:13:52] Speaker B: Les asperges, là, ça s'en vient-tu?
[00:13:53] Speaker A: Ça s'en vient, j'ai hâte. On dirait que c'est le début du printemps.
[00:13:56] Speaker B: Qu'est-ce que tu fais exactement? C'est quoi ta relation avec ton fermier et ton fournisseur qui passait par la porte d'en arrière des quartiers de bœufs.
[00:14:04] Speaker A: Que tu débites toi-même?
[00:14:06] Speaker B: Tu le fais-tu encore, ça?
[00:14:07] Speaker A: J'en le fais encore, Gab. C'est comme en saison, évidemment. Il peut pas abattre des bœufs à chaque semaine sur une petite ferme dans Kémouraska.
[00:14:14] Speaker B: Mais qu'est-ce que tu fais?
[00:14:16] Speaker A: On les encourage et on paie le prix que ça vaut.
[00:14:18] Speaker B: Tu restons-en avec les légumes. T'as un contrat privilégié avec un agriculteur qui t'amène ses arrivages. Ce qui pose dans le champ, tu l'as direct.
[00:14:29] Speaker A: L'hiver on se rencontre, on fait un calendrier de semences ou en tout cas on fait un achat de semences. Il y a une terre qui n'est pas très loin de chez moi.
Donc il plante, il récolte, puis moi le matin je passe à la ferme, puis je ramasse des bacs de légumes, puis j'amène ça au restaurant.
[00:14:44] Speaker B: C'est de la ferme à l'assiette.
[00:14:45] Speaker A: Ah oui, je cours après les poules, parce que les poules se sauvent. C'est ça. Puis lui, il a une job, là. Je veux dire, c'est comme un revenu secondaire, une passion, je veux dire, plus pour lui, parce qu'à l'époque, il faisait du canard, il essayait de faire des veaux, tout ça. C'est un agriculteur dans l'âme. Il travaille aussi à l'extérieur, fait qu'il est pas tout le temps là.
Moi, je rentre, je vais à la ferme, j'ouvre les portes, puis je ramasse ce que j'ai, puis il a fait des bacs à mon nom, puis je pars avec ça, j'amène ça au restaurant.
[00:15:13] Speaker B: Pourquoi c'est important pour toi?
[00:15:15] Speaker A: Ben, c'est une relation privilégiée avec... Je veux dire, si les maraîchers sont pas là, les producteurs sont pas là, le restaurant est pas là.
Je dirais pas au IGA, même les IGA ont besoin des maraîchers, c'est juste que c'est des plus gros volumes. Fait que c'est comme la base, le producteur laissier, la personne qui fait le fromage, le producteur de légumes, de bovins, de vins, peu importe. On a besoin d'eux autres, c'est essentiel.
[00:15:40] Speaker B: C'est ça que tu me disais pour la viande aussi.
[00:15:42] Speaker A: Ben oui, parce que sinon, sais-tu quoi, Dominique, tous les restaurants seraient tous pareils. Parce que quand tu vas, tu prends la circulaire IGA maxi, à chaque semaine, c'est à peu près tous les mêmes deals.
C'est à peu près, tu sais, je veux dire, il y a un surplus d'haricots, il va y avoir des haricots en spécial. Fait que là, les restaurants, ce qu'ils vont faire, ils vont tous acheter des haricots, parce que c'est ça le deal de la semaine. Fait que tous les restaurants vont être pareils. C'est nos maraîchers, nos producteurs qui font notre distinction.
[00:16:06] Speaker B: T'as-tu besoin de staff?
T'as-tu des CV?
[00:16:11] Speaker A: J'ai pas tant de CV de mes... OK.
[00:16:13] Speaker B: Quelqu'un se présente devant toi et t'as besoin, mettons.
[00:16:17] Speaker A: Oui.
[00:16:17] Speaker B: Tu le passes en entrevue.
[00:16:18] Speaker A: Oui.
[00:16:19] Speaker B: Une entrevue avec François Blais, ça se passe comment?
[00:16:21] Speaker A: Ben écoute, on va se poser des questions, moi je veux savoir plus ce que sont les personnes, que leur qualité.
[00:16:27] Speaker B: De... Pense-moi d'un entrevue pis le fun.
[00:16:29] Speaker A: Ben écoute Dominique, je vais te demander qu'est-ce que tu as fait dans ton parti...
[00:16:32] Speaker B: Je suis mauvais avec mes mains en passant, engage-moi Paul, je vais échapper des haciennes.
[00:16:34] Speaker A: Non mais je vais essayer...
[00:16:35] Speaker B: Mais on fait un fake, vas-y, vas-y.
[00:16:36] Speaker A: Je vais essayer avant, je vais pas juger juste sur une entrevue.
[00:16:39] Speaker B: Vas-y, pose-moi les questions.
[00:16:41] Speaker A: Écoute, je vais te demander, qu'est-ce que t'as fait dans le passé? Pourquoi t'as quitté tes anciens emplois? Je trouve ça primordial.
[00:16:48] Speaker B: OK.
[00:16:48] Speaker A: Comment tu les as quittés? Les quitter, c'est pas grave. Partir, c'est pas grave. C'est la façon qu'on part.
[00:16:52] Speaker B: Veux-tu savoir où je suis allé à l'école? Les parents?
[00:16:55] Speaker A: Absolument. Pas tes parents, je pense pas. Mais l'école, c'est un... T'sais, moi j'étais... Je suis allé à l'école de cuisine parce que je me suis fait virer à la porte d'un restaurant par un restaurateur qui n'a même pas ouvert mon CV. Je pense que j'avais un pas pire CV et que j'étais un bon travaillant. Mais c'est lui qui t'a donné pied.
[00:17:12] Speaker B: Au cul, qui t'a propulsé vers ce.
[00:17:16] Speaker A: Que tu vis maintenant.
[00:17:18] Speaker B: Tu peux quasiment le remercier.
[00:17:19] Speaker A: Ben oui, absolument. Je vais te le dire, c'est au vieux canon à l'époque.
[00:17:22] Speaker B: Ben merci vieux canon.
[00:17:24] Speaker A: C'est ça. Il a pris mon CV, c'était dans une belle enveloppe, je suis quand même présentable comme personne. Puis il m'a reviré ça, il m'a dit tu reviendras me voir quand t'auras un cours de cuisine.
[00:17:34] Speaker B: Oh!
[00:17:35] Speaker A: Fait que je me suis inscrit à l'école, j'ai fait le meilleur coup de ma vie. C'est mon prof de cuisine, c'est mon partenaire à mon chalet, c'est mon voisin, c'est mon ami maudit.
[00:17:46] Speaker B: C'est qui?
[00:17:46] Speaker A: Pierre Rimbaud qu'il s'appelle. J'étais à l'école hôtelière Fierbo, à l'époque c'était la commission scolaire de Charlebois. Ou Larpy, ou Larpydrome.
Je faisais un cours de cuisine le soir parce qu'ils sont arrivés le jour.
[00:17:56] Speaker B: Ils ont encore leur cours de cuisine d'ailleurs, fiers de vous.
[00:17:59] Speaker A: Oui, ils ont encore déménagé.
[00:18:01] Speaker B: Avec le chef Sébastien Dumézeret qui est là.
[00:18:04] Speaker A: Exactement. Qui est rendu comme enseignant.
[00:18:06] Speaker B: Oui, exact.
[00:18:07] Speaker A: Très bon. Le meilleur coup de ma vie, j'ai créé des contacts comme ça. Je leur parle encore. La plupart des enseignants de l'époque sont tous vieux, tous à retraite maintenant.
J'ai fait des contacts, j'ai connu des gens, j'ai comme eu un autre aperçu du milieu de la restauration, tu sais, parce que quand on travaille 50 heures par semaine, 60 heures par semaine, on a un peu des oeillères, on voit juste ce qu'on fait, on voit pas ce que les autres font.
[00:18:30] Speaker B: Qui t'impressionne le plus comme chef cuisinier dans le monde actuellement? Qui t'impressionne le plus? Tu le regardes aller, tu regardes des vidéos YouTube, tu lis ses créations, tu lis ses livres. Actuellement, c'est qui?
[00:18:46] Speaker A: Il y a deux personnes qui ont beaucoup... Je vais dire deux et demi parce qu'il y en a un qui est disparu. Deux personnes qui m'ont beaucoup beaucoup impressionné. Thomas Keller qui est en Californie.
De French Laundry à New York aussi, il y a quelques restaurants. Thomas Keller qui a été sur la production du film Ratatouille. Thomas Keller en 2008. est venu cuisiner à l'auberge Saint-Antoine où j'ai été avec moi. C'est la première fois qu'il a cuisiné au Canada. On a fait la ratatouille de ratatouille ensemble. Non! Je te le jure, c'était...
[00:19:20] Speaker B: As-tu des photos de ça?
[00:19:21] Speaker A: Du vidéo? Je pense que oui. Je dois avoir ça à mes affaires. Mais c'est surtout dans ma mémoire.
[00:19:26] Speaker B: Pourquoi c'était impressionnant?
[00:19:28] Speaker A: Ben écoute, il est arrivé avec 6 employés, son chef pâtissier, son chef corporatif si on veut, des employés, ils ont pris le contrôle du restaurant, on a fait un événement, on était là 3 jours. Moi je suis parti un après-midi avec lui au marché du Vieux-Port, on est allé chercher des tomates, puis des aubergines, puis des oignons pour faire la ratatouille.
C'était un 3 jours intenses.
Sa cuisine est... Est-ce que maintenant elle est encore à jour? Moi je pense que oui. Je pense qu'il fait partie.
[00:20:00] Speaker B: Ça goûte quoi?
[00:20:01] Speaker A: Ça goûte le ciel, c'est tout ce que j'ai à dire. C'est une cuisine de produits, c'est bien fait, il y avait de la rigueur. Moi j'adore ça, c'est un régime militaire.
[00:20:13] Speaker B: C'est de la science aussi quand tu dis ça parce que c'est de la chimie.
[00:20:16] Speaker A: Absolument.
[00:20:16] Speaker B: C'est les amalgames.
[00:20:18] Speaker A: Le film Spanglish avec Adam Sandler, ça se passe dans les cuisines de Thomas Keller. Le maudit sandwich que Sandler il se fait, ça a été inspiré de Thomas. C'est toujours bien un sandwich avec du jambon, du bacon puis des oeufs.
Mais quand tu le regardes, c'est incroyable. Il y a même des vidéos à Adam Sandler avec lui, Thomas Keller, qui pratiquent, si on veut, la méthode pour faire le sandwich. The perfect sandwich. Le deuxième, je vais le dire, c'est Gordon Ramsay.
[00:20:45] Speaker B: Je pensais que t'étais pour nommer Bourdin parce qu'il est mort.
[00:20:48] Speaker A: C'est la demi, mais tu sais j'en ai deux. Thomas Keller, Gordon Ramsay qui est... C'est un personnage fantastique, Gordon Ramsay. Le restaurant préféré de ma blonde dans tous les restaurants, dans tous les voyages que j'ai fait. On est un vieux couple, ma blonde et moi. Puis en 30 ans, en 25 ans, on a quand même voyagé pas mal. Le meilleur restaurant qu'elle a fait dans sa vie, c'est le restaurant Gordon Ramsay à Londres.
C'était impeccable, le personnage est différent, il est choquant...
[00:21:17] Speaker B: As-tu le vu en direct?
[00:21:18] Speaker A: Je ne suis pas sûr qu'il était là, je n'ai pas eu la chance de le rencontrer. Ce gars-là, il s'entraîne, il a une hygiène de vie saine, mais il a une personne dure avec son mentor.
Moi, j'aurais rêvé de travailler avec lui. Peut-être que ça aurait fait des flammes, je ne sais pas. Mais peut-être qu'un jour, ce n'est pas exclu, avant que les deux, on soit trop vieux, peut-être qu'on aura un événement. Puis la demi, c'est Anthony Bourdain, assurément.
[00:21:44] Speaker B: Pourquoi?
mélange de cultures, ses voyages. Bourdin prenait le temps de parler aux.
[00:21:51] Speaker A: Gens des autres cultures.
[00:21:54] Speaker B: C'est comme un géographe un peu.
[00:21:57] Speaker A: Le géographe de l'assiette. Quelqu'un qui allait gratter ce qui se faisait de bien. Anthony Bourdin, pour moi, c'est ce qui représente un peu ce qu'un critique culinaire devrait être. Va aller chercher le meilleur.
dans ce qu'il voit, puis le reste qu'il aime moins, il va un peu le laisser de côté, si on veut. Pas faire de chichi avec ça, mais plutôt focusser sur ce qui avait de bon. C'est un personnage qui nous manque vraiment beaucoup, parce qu'il a quand même contribué à l'essor de la restauration de la gastronomie mondiale.
[00:22:30] Speaker B: T'inspires-tu un peu de lui? Parce que là t'as reconfiguré au bistrôbet ton menu complètement. Est-ce qu'il y a une petite inspiration? Vas-tu t'inspirer de trucs que t'as vus? Des trucs que tu veux essayer? Est-ce que dans ta tête il y a des trucs que tu veux amener de Bourdin ou de Keller?
[00:22:46] Speaker A: Ben la rigueur!
La rigueur, je vais l'amener. Mais tu sais Dominique, tranquillement, je vieillis. Puis le projet du Bistro B, c'est un projet aussi de passation, c'est une étape importante.
[00:22:57] Speaker B: C'est le chant du cygne.
[00:22:58] Speaker A: Exactement.
[00:22:59] Speaker B: Mais, tu veux le passer, c'est un héritage en même temps.
[00:23:01] Speaker A: C'est ce que je veux, mais je veux le passer en santé. Puis, pour qu'une entreprise soit en santé, ça prend pas juste un patron qui veut, ça prend aussi des employés qui contribuent.
Fait que je pense que je suis rendu à un point dans ma carrière où je dois laisser mon staff s'exprimer.
Moi, je suis là pour guider. J'ai des idées, des fois j'ai des idées arrêtées, mais c'est à eux de me convaincre du contraire. Pis, sais-tu quoi, s'ils ont raison, ils ont raison, tant mieux, on aurait bien bêté, t'sais. Fait que moi, je suis vraiment... —.
[00:23:29] Speaker B: C'est une démocratie, tes cuisines?
[00:23:32] Speaker A: Ah oui, maintenant, de plus en plus.
[00:23:33] Speaker B: Ou une dictature.
[00:23:34] Speaker A: Non, non, non, c'est une démocratie.
[00:23:36] Speaker B: Ils peuvent parler au boss?
[00:23:37] Speaker A: Il faut qu'ils parlent au boss.
[00:23:39] Speaker B: Non, boss. Donne-moi un exemple concret de sur quoi t'as pas eu raison dernièrement.
[00:23:44] Speaker A: Ben écoute, le menu. Le menu que t'as mangé, t'es venu samedi soir.
[00:23:48] Speaker B: Spaghettis au mort, c'est des petites entrées, là.
[00:23:51] Speaker A: C'est Kevin qui a fait le menu. Moi, j'ai validé le menu. Moi, j'ai dit ça comme ça.
[00:23:55] Speaker B: Coup de coeur, spaghettis au mort.
[00:23:57] Speaker A: C'est bien ça, parce que c'est le temps du mort.
[00:23:59] Speaker B: Oui, je sais. Ça donne bien.
Mais les gaufrettes au foie gras.
[00:24:05] Speaker A: Oui. Exact.
[00:24:07] Speaker B: C'est de ça dont je me souviens. Parce qu'on peut pas se faire ça à la maison. Moi je suis un gardien.
[00:24:13] Speaker A: Expérience non reproducible à la maison.
[00:24:15] Speaker B: C'est ça qu'on veut vivre.
[00:24:16] Speaker A: Mais, ce que je dis à Kevin, c'est que... Fais attention, le foie gras, si tu le mets en plat, ben il va coûter 40 ou 35 au menu. C'est trop. Je veux qu'on casse les prix. Pas casser les prix, mais je veux qu'on garde ça. Ou tu prends le canard goulu. En faisant en plus petits plats, ça permet de goûter du foie gras pour pas une fortune.
[00:24:37] Speaker B: Exact.
[00:24:38] Speaker A: Puis tu sais, ça permet aussi, je pense qu'on peut prendre des risques en ayant des entrées à 12, 13, 14 piastres.
Si tu te trompes à 12, 13, 14 piastres, c'est moins grave que si tu te trompes à 45. En tout cas, selon moi.
[00:24:51] Speaker B: Ton staff, là, il fonctionne à pourboire.
[00:24:55] Speaker A: Oui.
[00:24:56] Speaker B: De plus en plus de restaurateurs disent, on inclut le pourboire, on se casse pas la tête. T'as vu le dernier changement, gouvernement du Québec, moi j'aime ça, 15% sur le plat que t'affiches dans ton menu. Avant, on te donnait le pourboire sur le repas taxé. Ce qui était un peu ridicule, on va en convenir, mais le staff était bien content.
Mais moi, je me suis fait dire, pas par des serveurs de chez vous, mais par d'autres serveurs et serveuses. « Mais là, je perds 5-6 000 par année parce que, à cause de la CAQ et blablabla, donnez-moi 18% au lieu de 15, ça va compenser. » Je me suis fait dire ça. Pas chez vous. Pas chez vous. Qu'est-ce que tu penses de toute l'histoire des pourboires?
[00:25:34] Speaker A: Écoute, c'est compliqué, l'histoire des pourboires.
[00:25:36] Speaker B: Mais ta philosophie, parce qu'il faut que tu rentres là-dedans, l'appréciation du service.
[00:25:42] Speaker A: Qu'est-ce que tu penses? On l'a modifié, t'as vu avant, t'as vu après. Une des choses que je parle à mon staff, que j'essaie d'inculquer, c'est qu'il faut que les serveurs redeviennent des serveurs.
il faut que les gens qui s'occupent du service, s'occupent du service, que ce.
[00:26:00] Speaker B: Ne soit pas des porteurs d'assiettes. Ça veut dire quoi, François?
[00:26:03] Speaker A: Ça veut dire quoi? Ça veut dire de bien connaître les menus, de s'intéresser au vin. Ça ne veut pas dire d'être des grands gastronomes, puis d'être des sommeliers, puis tout connaître sur le bord, d'être mixologue, mais s'intéresser un peu. Parce que la tendance, c'est que, bon, l'industrie de la restauration manque de staff, donc on prend un peu n'importe qui pour faire le service. Mais il y a 20 ans, les serveurs, C'était des carrières qu'ils faisaient. Eux autres, ils étaient des serveurs. Donc, s'occuper du bonheur de la clientèle, mais aussi connaître leur métier. Moi, je leur demande ça. Ils vont avoir des petites surprises qui vont s'en venir aussi au bistrot, en ce sens. Je veux vraiment qu'ils arrêtent... Tu sais, ils prennent l'assiette que j'ai cuisinée pendant 12 heures de temps, ils l'amènent à la table, ils disent bon appétit, puis ils s'en vont.
C'est ça la plupart des restaurants aujourd'hui. Mais ils m'expliquent pas ce que j'ai dans mon assiette. Y'a aucune passion. Ils savent pas que les légumes de Louis-Antoine, c'est François. C'est Louis-Antoine qui les a produits chez lui, pis c'est François qui est allé les chercher le matin. On les a cuisinés toute la journée, pis là on les serre le soir.
[00:27:10] Speaker B: Ça prend de l'éducation aussi pour m'expliquer la sauce, comment tu le fais.
[00:27:14] Speaker A: Exactement. T'as pas besoin de la recette. T'as besoin d'une idée globale, une idée générale. La même chose pour le vin.
Le vin, je sais pas combien de milliers de vignobles qu'il y a dans le monde. Il y a toutes sortes de théories sur le vin. Est-ce que ça c'est meilleur que ça? C'est pas vrai que c'est meilleur, c'est différent. Mais on te sert un vin pour telle et telle raison qu'on te l'explique. Ça c'est la job des employés de service. Est-ce qu'ils méritent leur salaire? Assurément.
Est-ce que c'est une bonne chose que les pourboires soient maintenant avant taxe? Assurément. Assurément. On a... Écoute, moi, en cuisine, ils ont des pourboires depuis le jour 1. Même à l'auberge Saint-Antoine, j'avais inculqué ça. Ça fait que ça date pas d'hier.
[00:27:57] Speaker B: C'est-à-dire, le pourboire qu'on donne au serveur, vous le partagez.
[00:27:59] Speaker A: Exactement.
[00:28:00] Speaker B: Vous le mettez dans la communauté. Il y a une commune qui a fait un pot. Vous le divisez à la fin de la soirée.
[00:28:04] Speaker A: Exactement. Puis moi, comme restaurateur, j'ai pas d'affaires à ça. Je l'ai fait le jour 1 parce que j'étais mon seul employé.
Donc j'ai fait une convention de partager pourboires que tout le monde a adhéré. Puis après ça, une fois par année, je donne ma carte de crédit, puis allez vous réunir, dites-moi ce que je dois faire avec vos pourboires. C'est comme ça que ça doit fonctionner, c'est comme ça que ça fonctionne en tout cas chez nous. Donc eux autres me disent, parfait, on a décidé que tant de pourcentage allait pour la cuisine, tant de pourcentage allait pour les commis, les serveurs, les sommeliers, les ci, les ça.
Puis moi, je fais ce qu'eux autres me demandent. La semaine dernière, vous en avez parlé, t'es pour moi, donc j'ai failli appeler Dan.
[00:28:41] Speaker B: Ouais.
[00:28:42] Speaker A: C'est Dan ou c'est... C'est... Dan, peut-être, ouais. Dan, je pense, qui disait, moi, je vais plus...
[00:28:47] Speaker B: Pouvoir inclus, ouais, c'est ça.
[00:28:48] Speaker A: Qui disait que c'était 8%, ça, c'est une fausse... C'est une fausse... Un faux message qui s'est passé parce que...
Dans la vie, tu dois déclarer 100% de tes revenus. Peu importe ce que tes serveurs, coiffeurs, animateurs de radio, cuisiniers, tu dois déclarer 100% de tes revenus. Ce que le gouvernement nous demande, nous restaurateurs, c'est de s'assurer que tout le monde déclare un minimum de 8%. Ça, c'est ce qu'on doit s'assurer.
[00:29:17] Speaker B: 8% des pourboires?
[00:29:19] Speaker A: 8% des revenus en pourboires. Ça, c'est ce que le restaurateur doit s'assurer que ses employés déclarent.
Mais chez nous, c'est pas le cas parce qu'on a une convention de partage des pourboires. Fait que c'est moi qui les gère à 100% les pourboires, pis je les gère selon la convention de pourboires. Pis les restaurateurs qui déclarent encore juste 8%, ben c'est des innocents parce que je veux dire, plus personne paye en argent, tout le monde paye par carte. Ils vont finir par se faire prendre. Eux vont se faire prendre, pis surtout leurs employés vont se faire prendre.
[00:29:46] Speaker B: Pourboires inclus, t'es-tu pour ou contre?
[00:29:48] Speaker A: Pour.
[00:29:49] Speaker B: Pourquoi?
Et pourquoi tu le fais pas?
[00:29:53] Speaker A: Parce que je veux pas être le premier. J'ai cassé beaucoup de barrières dans la restauration.
[00:29:59] Speaker B: Brise-en une dernière avant de partir.
[00:30:01] Speaker A: Peut-être. Écoute, on y réfléchit.
Mais en même temps, t'sais, j'ai fait des gros moves pour essayer de briser la structure de prix. Si on fait pourboire compris... T'es obligé.
[00:30:13] Speaker B: De jacker ton prix.
[00:30:14] Speaker A: Je suis obligé de monter mon prix. De 15%? À peu près, ouais. C'est ça.
[00:30:18] Speaker B: T'as peur que ça crie?
[00:30:19] Speaker A: Parce que pourboire, c'est du pocket money qu'on laisse sur la table en guise d'appréciation. Pourboire, c'était les cochers, on connaît l'histoire.
qui après une longue route, ils arrêtaient dans les auberges, puis leurs clients ou leurs maîtres ou peu importe, ils leur donnaient une coupe de Seine pour qu'ils aillent boire un café, une bière, un breuvage après leur longue journée. C'est ça le pourboire. Ça devrait pas être une grosse partie de la rémunération des employés, ça je suis 100% d'accord.
Moi je suis pour le pourboire compris, mais il faudrait se réunir une gang ensemble, puis dire parfait, à partir de demain, c'est ce qu'on fait.
À ce moment-là, tout le monde se régagne. Je pense que tout le monde se régagne.
[00:30:58] Speaker B: Mais il y a des clients qui diraient, moi j'aime avoir la latitude. Moi je suis un peu déchiré par rapport à ça, puis c'est Dan qui a amené le sujet. Je trouve ça intéressant. Il y a un genre de bar, steakhouse, aux États-Unis, que Ford. Ford a une chaîne qui s'appelle Ford's Garage, j'en parle souvent en Inde, où eux, ils disent d'entrée de jeu, vous connaissez notre modèle d'affaires, à la caisse. T'as pas un serveur, t'as 4-5 serveurs. T'sais, c'est comme l'aspect d'un mécanicien. Il y a une chienne de travail pis tout ça. C'est autour de la mécanique que ça tourne. Le pourboire est inclus.
Tu donnes pas de pourboire et il y a 4-5 personnes qui vont s'occuper de toi. Es-tu d'accord avec ça? Tu dis oui pis là t'entres dans une espèce de restaurant avec un autre concept. Moi je suis d'accord avec ça. Par contre, on peut donner un type de plus si on l'apprécie, etc.
[00:31:49] Speaker A: C'est de l'appréciation. C'est comme ça que ça doit être.
[00:31:53] Speaker B: Mais là, tu crains que les Québécois trouveraient ça trop cher et qu'on se sente obligé de mettre un pourboire par-dessus le pourboire. C'est un changement de mentalité.
[00:32:02] Speaker A: C'est pas ça que je veux dire, je veux juste dire que...
Faut se battre à armes égales. Si moi je le fais, puis mon compétiteur ou mon voisin le fait pas, on a comme deux structures de prix. Exactement.
[00:32:14] Speaker B: On va comparer les menus et ça va te désavantager.
[00:32:16] Speaker A: Exactement.
[00:32:17] Speaker B: C'est pas dans notre culture encore, comme en France ça peut l'être d'inclure le...
[00:32:21] Speaker A: Mais en France, maintenant sur les TPV, T'as les options pour moi qui sont de plus en plus communs. C'est inclus? C'est inclus, mais maintenant sur les machines TPV...
[00:32:31] Speaker B: On donne une option d'en rajouter.
[00:32:33] Speaker A: Exactement.
[00:32:34] Speaker B: OK.
[00:32:35] Speaker A: Pis ils gênent pas. C'est 15, 18, 20. Ils sont déjà inclus.
[00:32:42] Speaker B: Comment ça va à Québec? La ville de Québec, comment c'est géré au plan de l'économie, tout ça? Bruno Marchand qui s'en va en élection, c'était quoi selon toi l'héritage de Marchand? Tu t'es déjà exprimé dans le passé sur le tramway, sur la rue qu'on ferme, je sais même plus si t'étais pour ça ou contre ça.
Je sais qu'on console le monde, mais on ne les écoute pas. Je sais que les gens de la rue de Quartier, maintenant, vont-ils compter la fermeture de la rue, c'est-à-dire la rue Piétonnière? La ville est allée pareil. Fait qu'on n'écoute pas le monde à Québec. Toi, ta vision, c'est quoi?
[00:33:17] Speaker A: Ben écoute, c'est drôle parce qu'en fin de semaine, je suis allé dans le bois me ressourcer un peu, fait que j'ai eu du temps. Des fois, je me lève tôt, pis sur le bord du lac avec les eaux or, c'est fantastique pour réfléchir. Pis j'ai comme... on vit comme un petit marasme à Québec dans les... Tsé, je me sens comme la fin du règne de l'allié.
C'était plate à Québec. On s'en rappelle. Quand les Nordiques sont partis, c'est moi, on est devenu une ville fantôme à peu près. Mais tu sais, samedi soir, t'es venu manger, c'est à rue Cartier. À 8h, là, y'a des parkings partout, c'est à rue Cartier. C'est pas normal, c'est une artère commerciale.
[00:33:51] Speaker B: Pourquoi c'est comme ça?
[00:33:52] Speaker A: Je sais pas pourquoi. L'accessibilité au centre-ville est peut-être un peu plus complexe, malgré qu'on a pas encore de grosses contraintes, à part peut-être des contraintes de stationnement.
Mais personne ne t'empêche de rentrer encore dans la ville de Québec. Il n'y a pas de tramway qui coupe la rue en deux. Ça n'existe pas encore. On dirait que l'économie ou les mauvaises nouvelles économiques font en sorte que les gens sortent un peu moins, dépensent un peu moins. C'est normal, tout coûte cher. Je suis le premier à faire attention.
[00:34:28] Speaker B: Est-ce qu'on a un maire pro-économie?
[00:34:30] Speaker A: Non, du tout. Mais non. Mais non. Du tout, du tout, du tout, du tout. Il est jamais venu... En tout cas, s'il est venu, j'étais pas là. Il est jamais venu dans mon entreprise. Puis tu sais, je pense que si moi j'étais à la tête d'une ville, puis...
que certains restaurateurs ou commerciants, je ne veux pas juste dire les restaurateurs parce que ce n'est pas vrai.
[00:34:55] Speaker B: Il faut que tu mettes les hôteliers là-dedans qui ont été très frappés par.
[00:34:57] Speaker A: Une grosse source de plaques. Exactement, on a parlé du coin du livre à côté qui vend les revues, ce ne doit pas être plus facile pour lui que pour moi, ce n'est pas vrai. Je pense que les têtes dirigeantes auraient avantage à venir nous voir et prendre un café.
M. Marchand, là, je trouve pas que c'est un maire exemplaire, extraordinaire, mais je le déteste pas comme personne. J'ai rien contre lui comme personnage, là. Fait qu'il vient de prendre un café pis qu'il discute avec nous autres.
[00:35:25] Speaker B: Qu'est-ce qu'il a fait de trop et de pas assez dans ces quatre ans?
[00:35:30] Speaker A: Il n'est pas très pro commerce. Pour lui, le petit commerce de quartier est très peu valorisé. Oui, les pistes cyclables. Est-ce que c'est mauvais des pistes cyclables? Je ne pense pas. Est-ce que le tramway, c'est un bon projet? Non, mais c'est assurément...
C'est une vérité qu'on va avoir un projet de transport en commun structurant. C'est juste qu'il faut choisir le bon projet. C'est juste ça. C'est ça que les restaurateurs de la rue Cartier, les commerçants de la rue Cartier et d'autres avenues à Québec sont sortis pour dire. Celui-là, c'est pas un bon projet. Trouvez-en un qui va être bon pour les commerçants, la ville, les utilisateurs. Tout le monde va être d'accord.
[00:36:10] Speaker B: Les rues piétonnes, vous avez voté contre l'année passée, il l'a fait pareil.
[00:36:13] Speaker A: Oui, on l'a fait sur événement, peut-être des fins de semaine. Bon, la rue piétonne, les gens marchent sur le trottoir. Tu sais, une belle journée d'après-midi, les trottoirs de l'avenue Cartier sont quand même occupés et d'autres artères commerciales. Est-ce que ça vaut la peine de fermer la rue, de bloquer la rue? Je ne pense pas. S'ils veulent faire ça, il faut vraiment qu'ils repensent tout le concept de circulation autour de ces quartiers-là.
[00:36:38] Speaker B: Est-ce que les business se tiennent ensemble? On aimerait ça à un moment donné que les business se tiennent davantage ensemble pour faire entendre une voix de business. On entend juste par chant ses lubies, ses projets, son idéologie. On se pose la question, les gens de business sont où?
Est-ce qu'il y a un manque de solidarité?
[00:36:58] Speaker A: Non, on a une grosse solidarité Dominique.
[00:37:00] Speaker B: Mais tout le monde est...
et t'occuper à travailler.
[00:37:03] Speaker A: Puis tout le monde a un peu peur pour sa business. Pourquoi? Parce que si tu parles, tu vas te faire plus de tort que de bien.
[00:37:14] Speaker B: Dans quel sens?
[00:37:15] Speaker A: Est-ce que les clients vont te bouder ou est-ce que les clients vont venir en masse? On ne le sait pas, c'est un coup de dé dans l'eau.
[00:37:23] Speaker B: Avez-vous peur de l'hôtel de ville?
[00:37:25] Speaker A: Non.
[00:37:26] Speaker B: Peur de la réaction.
[00:37:28] Speaker A: Non, pas l'hôtel de ville, je parle de la clientèle.
[00:37:30] Speaker B: La clientèle, peur de la réaction des gens.
[00:37:32] Speaker A: Exactement. Puis tu sais, on n'est pas des experts, je pense pas le commerçant, l'entrepreneur, c'est un expert dans son domaine. Il n'est pas un expert en communication.
[00:37:41] Speaker B: Qu'est-ce que tu penses des candidats qui sont là, le pro-business, t'es un gars de business, t'as mis de ton argent, je sais pas combien, Mais honnêtement, une transformation totale de ton restaurant qui vient de rouvrir. C'est ton cash, t'es upfront, t'es un gars de risque. Actuellement, t'as Hamad, Lachance, Villeneuve, Jackie Smith, Marchand. C'est qui qui parle le plus pour les business? C'est l'avenir de la ville qui est en jeu.
[00:38:15] Speaker A: Assurément pas marchand, je vais commencer par ça. Après ça, les autres candidats... Ma crainte, c'est... T'sais, moi j'habite à Stoneham, Dominique, fait que je voterai pas à Québec.
[00:38:24] Speaker B: T'es pas ici, c'est ça.
[00:38:25] Speaker A: Fait que ma crainte, c'est que le vote soit divisé. Divisé. Exactement.
[00:38:32] Speaker B: Et que marchand repasse?
[00:38:34] Speaker A: Ah, ça serait pas une bonne nouvelle. Ça serait vraiment pas une bonne nouvelle.
Mais Sam Abad, c'est un vieux politicien de carrière. Il a beaucoup d'expérience. On le sent dans son tour de voix quand il parle. Villeneuve n'a pas de mauvaises idées, je ne pense pas. Mais je ne suis pas sûr qu'il passe aussi bien que Lachance et Amad. Je pense que ça va se chicaner avec Sam Abad et Stéphane Lachance. Moi, les deux, je serais content.
Je serais content. Faudrait que les deux se créent un parti commun. Pis là, on serait en machine, je pense. Les deux ont des bonnes idées. Ahmad a de l'expérience. Ça fait de la chance, il est sur le terrain, on le voit.
[00:39:19] Speaker B: On unit les deux aliments pour en faire un bon repas.
[00:39:21] Speaker A: Ça, ça serait super. Une entrée à un plat, pis on est en machine.
[00:39:25] Speaker B: François Blais, merci beaucoup.
[00:39:27] Speaker A: Ça fait plaisir, merci pour l'invitation.
[00:39:28] Speaker B: Bon appétit. Morel Podcast, présenté par GMOT.ca Vous êtes propriétaire d'une maison et étouffé par vos dettes? Carte de crédit ou prêt personnel à taux élevé avec GMOT.ca. Regroupez tout ça en un seul paiement et économisez plus de 1300 $ par mois.
[00:39:43] Speaker A: GMOT.ca.